Ciccone de Draënor.

Messages : 210 Date d'inscription : 16/08/2009 Age : 42 Localisation : Meximieux

Le ciel s’était assombrit depuis deux lunes au dessus de Draënor. L’Orque sentait le sable rocailleux sous ses pieds à la peau durcit. La poussière soulevait par sa course et celle de ses compagnons s’engouffrait sous son casque trop grand. Ce matin là, sur les terres flamboyantes, la lumière qui filtrait à travers les nuages était d’une clarté sans pareille. La jeune guerrière regardait au loin les combats se poursuivre. Le fléau perdait du terrain et les attaques magiques des Elfes illuminaient le ciel de zébra bleu, vert et rouge suivis de violentes détonations dont le fracas faisaient s’ébranler la fragile colline sur laquelle se tenait la porte.

Le groupe ralentit le pas à hauteur d’un campement aux armoiries que reconnut tout de suite la femelle. Sa tignasse cachée sous les formes défoncées du heaume en gangracier, les yeux à peine visible, séparés par l’arrête du nez en acier qui déformait les traits de son visage disgracieux. Quatre rangées devant elle, se tenant fier et droit devant le porteur de drapeau, le jeune commandant de guerre tout juste nommé hurlait ses ordres au milieu du tumulte. Les soldats se mirent au garde à vous au son du Shriss ; le cor de son clan, instrument puissant actionné par le souffle de quatre officiers.
A l’abri derrière trois hommes plus grand et plus costaud, la guerrière se détendit. Elle ralentit son souffle et le rythme de son cœur, sa température interne retomba à 22° et ses muscles se dénouèrent petit à petit. Soudain, son sang se figea. Malgré le soleil qui lui faisait face et les centaines d’hommes présent, le regard du mâle responsable du commandement des troupes venait de se poser sur elle. Malgré son regard tourné vers le sol, elle pouvait le sentir détailler sa nuque et deviner le galbe de sa poitrine sous l’armure en plaques. La colère qui s’empara d’elle fut saisissante et, lorsque par provocation elle se décida à relever la tête pour plonger dans ses yeux son regard de fureur, elle resta bouche bée par le sourire que lui adressait son supérieur. Elle aurait reconnut cette expression parmi des millions.
L’orque qui la fixait la défiait d’un sentiment de victoire. Celui qui, la veille encore, décordant son corset, la suppliait de rester à l’écart et de l’attendre ; Quand la guerre serait finit, ils pourraient s’aimer et enfin réunir les peuples de Draënor comme elle l’avait toujours souhaité. Celui la même qui l’avait courtisé des mois durant alors qu’elle refusait ses avances, souriait à présent de mépris en soutenant le regard de sa belle. Tout à coup, sa fuite sans encombre lui sembla moins crédible que l’idée d’une surveillance intentionnellement bâclée. Il aurait suffit d’un mot de Gorrokh pour que la future chef de clan soit raccompagnée, contrainte et forcée, loin de la bataille, à rassurer les femmes et soigner les blessés. Pourtant, dans les yeux du commandant, ou la jeune femme devinait à présent une certaine pitié à son égard, elle pouvait lire les desseins de son promis qui n’avait vu en sa princesse qu’une façon comme une autre d’accéder au pouvoir. Aujourd’hui commandant, roi d’un clan bientôt décimé lui importait beaucoup moins.
A cet instant précis, la tigresse décida de mener ses troupes à la victoire et de chasser le fléau mort vivant de ses terres ainsi que ce soldat vaniteux et intéressés que son cœur lui avait déjà laissé soupçonner.

Un coup de canon retentit dans le ciel et Ciccone compris à l’éclair rouge qui entama 200 des unités les plus proches que les défenses reculaient. Le Shriss Hurla deux coups bref alors que les officiers commençaient à beugler les positions à tenir. La chaleur monta d’un cran lorsqu’une boule de feu embrasa le sol, coupant en deux la garnison ou se trouvait la femelle. Séparé de son commandement, la guerrière comprit que la situation dégénérerait vite en voyant ses compagnons d’armes commencer à rebrousser chemin.
Il ne lui restait à présent que trois solutions : Fuir avec ses compatriotes et abandonner le camp, tenter de rejoindre l’autre moitié de sa garnison de l’autre côté de la brèche ou bien récupérer ses hommes coute que coute et les conduire au front. Cherchant dans la cohue le soutient des siens, la guerrière aperçut le corps sanglant de l’un des porteurs de drapeau. Accablé de douleur et de rage, Ciccone poussa un rugissement qui, l’espace d’une minute sembla figer dans le temps les bruits de la bataille et faire stopper leurs courses aux déserteurs. La tigresse ramassa la toile aux couleurs de son clan etempoigna son casque qu'elle jeta loin devant elle, frappant de plein fouet un démon qui tentait une percée. Découvrant au tumulte des hommes son faciès de fille du chef de clan, l’écho de milles bêtes emplit le ciel dans un vacarme que les plaines de Nagrand et ses falaises flottantes avaient du entendre. La princesse guerrière leva le poing, rejoint bientôt par celui de centaines, de milliers d’autres qui faisaient à nouveau face à la bataille.

« Vivre ou mourir mais ne jamais connaitre la défaite ».